Salut les amis du Challenge PDD.
Conformément à la sollicitation et respectant la tradition du Challenge, je me livre au petit exercice du compte rendu de la course, sous l’angle de vue d’un des Vikings de la bataille qui s’est jouée sur ce grand océan.
Commençons par le commencement. Comme vous tous, j’imagine, je me suis un peu arraché les cheveux avant la course pour choisir entre C0 et Light. Un jour l’un, un jour l’autre. Bref, va pour les light puisque ça paraissait plus constant.
Choix judicieux sur les deux premiers jours où nous nous envolons, regardant avec un plaisir égoïste même pas honteux s’éloigner du tableau arrière nos copains roulant frein à main bloqué. Malignité n’est pas récompensée et pour rappeler à tous la définition de deux outils dont il ne faut jamais se départir dans la vie, humilité et empathie, Njörd, en mode facétieux, a laissé parler sa colère sur les flots et remis aux acharnés du reaching les clés du petit train, inversant tête et cul pour rappeler à l’une et l’autre que seules les nécessités et les Dieux commandent !
Et me voila, larmoyant, contraint de suivre piteusement ceux que je moquais silencieusement quelques heures auparavant. Or nul n’est maître à Asgard sinon ses résidents. Je soupçonne ainsi mes camarades estampillés C0 d’avoir contrit les Dieux en sombrant irrépressiblement dans les égarements moraux qui m’avaient mené de potentiel vainqueur à douloureux relégable. A moins que les sacrifices que j’avais consentis pour satisfaire mes Dieux sur tout ce que j’avais de plus précieux à bord de mon drakkar (øl, mjød et autre carte d’exploration de la Seine) aient porté leurs fruits. Toujours est-il qu’à moins de 48 heures de l’arrivée, Tyr et Ægir conjuguant leurs efforts ont exaucé mes prières et les light sont revenus dans la partie. Passée la pointe Finistère, le reste fut un intense match tout le long des côtes bretonnes si chères à mon nouvel ami, et ennemi du jour, costarmoricain de son état, j’ai nommé Tof22. Tous deux navigant de concert, bord à bord. Lui, les yeux chargés de larmes d’émotion sur la mer de son enfance où l’immense peuple celte invoquait ses divinités (croyances peu fiables selon Odin) pour pousser l’enfant du pays le premier dernière la ligne. Moi, enragé à l’idée d’honorer mes aïeux, fiers conquérants de cette terre défilant à babord, ardemment conquise, pourvoyeuses d’innombrables sujets du Valhalla.
Un dernier virement, une infime portion de millième de mille grappillée à chaque brise et à 13 coups de rame de l’arrivée, le fier drakkar pointe sa tête de dragon devant l’étrave du Yann Quenet de l’étape pour ne jamais la perdre.
Plus prosaïquement, je dirais que la situation météo exceptionnelle n’a jamais permis à quiconque de s’échapper, le vent jouant de malice pour ralentir les échappés et propulser les retardataires. Les light ont permis de confiner leurs utilisateurs dans un chemin assez similaire, le C0 donnant de décevantes illusion de succès sur des trajectoires plus aventureuses pour les plus excentriques. Le match se sera finalement joué sur les derniers milles de cette longue transat dont le money time n’aura été offert qu’aux adhérents des voiles légères. Nous festoyons désormais en terre viking et remercions nos nouveaux Dieux de l’organisation, Pianais et consorts, du plaisir qu’ils nous ont offert sur ce bel évènement.
PS : J’ai arrêté de boire.
PS2 : Avant c’était pire.
Vikinguement votre, CapduRozel – Val de Saire - Yann