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Virtual Regatta Club House

Trophée Jules Verne 2019-2020


M63-EZ

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  • 4 months later...

Bonjour,

C’est avec un plaisir non dissimulé que je vais satisfaire à la tradition de l‘équipe et rédiger mon premier CR de course. 

J’ai souvent pensé qu’au-delà des qualités du skipper, ce record est avant tout une histoire de chance. Un départ sur une fenêtre formidable est loin d’être l’assurance d’un bon temps à l’arrivée. Le véritable juge de paix reste pour moi la remonté de l’Atlantique. Cette édition 2019 – 2020 n’a pas dérogé à cette règle. 

Pour ma première tentative, je suis parti le 09/12/2019 à 17h30 sur une fenêtre assez favorable. La descente, l’Indien et le Pacifique sont moyens mais les temps restent corrects. Le début de la remontée de l’Atlantique Sud est plutôt bon mais je me suis fait piéger avant l’Equateur retour par deux anticyclones successif aux déplacements ultra rapide. Je laisse pratiquement 48h00 dans cette histoire avant d’enchaîner sur un poteau noir délicat. Même si l’Atlantique nord est conforme avec une grande louche venteuse, le mal est fait. Il est certain que malgré un classement flatteur autour de la 100ème position, ce temps sera très insuffisant et qu’il me faudra ressortir. 

1ère tentative :

  • Equateur : 5j 09h 28m 07s
  • Bonne espérance : 13j 03h 21m 40s
  • Cap Leewin : 17j 19h 18m 23s
  • Cap Horn : 27j 20h 14m 22s
  • Equateur retour : 36j 23h 17m 12s
  • Arrrivé : 43j 18h 22m 46s

 Pour ma seconde tentative, je me suis fixé un départ au plus tard le 15/02/2020. Je ne souhaite pas prendre trop de risques avec les délais. Alors, comme de nombreux participants, je surveille la fenêtre mais je ne vois rien de bien probant se dessiner. 

Sur la messagerie bateau de la team, Patrice (Marius) indique qu’il a repéré une dépression qui pourrait nous propulser vers l’Indien. Je me mets alors à surveiller cette hypothèse. Mes amis de la team BFC décident de faire un départ le 03/02 vers 19h00. Contrairement à la première tentative, je préfère envoyer ERCEL et partir un peu plus tard avec MTZ8493-EZ. 

En restant sur l’idée de Patrice, je teste plusieurs routages pour vérifier s’il est possible de chopper la "fameuse" dépression. En naviguant seul, j’ai remarqué que je faisais moins d’erreur et je prends discrètement l’eau le 05/02 à 20h11. A ce moment, mon objectif est de réussir à faire la jonction avec cette dépression que Windy indique toujours. J’ai tout de même dans l’idée que si je ne réussis pas, je dispose encore de suffisamment de temps pour refaire un départ et partir avec le groupe de EZ (Bruno, Patrice…). 

Je passe l’Equateur en 6j 11h 29m 15s. Ce n’est pas terrible, j’ai 24 heures de retard sur mon premier temps. Je coupe au centre de l’Atlantique mais, ralenti par l’anticyclone de Sainte Hélène, j’arrive dans le sud avec un peu en retard sur mes prévisions. J’ai raté mon rendez-vous de quelques heures. Les temps de Bruno, Patrice et de Maurice partis quelques jours après moi en deux temps sont d’environ 14 jours pour Bonne Espérance et je pense pouvoir le faire en moins de 14. Aucun intérêt à repartir et je poursuis ma route. Sage décision… la suite me donnera raison. 

Et la magie de la course se met en branle. La dépression suivante est un peu moins puissante mais elle doit pouvoir m’emmener plus loin. Je passe Bonne Espérance en 13j 16h 34m 59s. Bien qu’ayant repris 18 heures sur ma référence, ce n’est toujours pas extraordinaire mais il y a de l’espoir les prévisions s’annonçent très favorables. 

Je navigue assez correctement quand d’un seul coup tout s’accélère. Les vents deviennent puissants, bien orientés et durent dans le temps. Je navigue plusieurs jours entre 30 et 40 nds et les dépressions se suivent et s’enchaînent. A coup de réguliers 150  150°, je surfe sur cette vague et je passe le Leeuwin en 17j 13h 19m 43s en 75éme position. Je suis assez content. J’ai repris 36 heures à ERECL qui pourtant avance assez bien. La magie de la course se poursuit et les vents me sont favorables. 

La pacifique est identique à l’Indien. Moins de 12 heures de ralentissement entre 2 dépressions et une route assez linéaire et très sud. Je poursuis mes 150°  150° pour rester dans le bon flux d’air. 

A quelques jours du Horn, je sens bien que j’ai dans les voiles un très bon temps et je commence à regarder celui de référence détenu par Phil Destroy avec le secret espoir de le battre pour détenir la meilleure performance. Je n’ai jamais été aussi rapide entre ces deux caps. Finalement en 32j 15h 59m 10s, je suis second au cap Horn, à 02h30 derrière AS8. Au total, nous sommes 5 bateaux bien placés à ce moment de la course. Sous peine de flagellation aux orties fraîches, Patrice me fixe comme objectif de finir en tête de ce petit groupe et je prends la menace très au sérieux. 

Pas le temps de savourer ma « performance », il me faut regarder vers le nord. Et c’est un peu la douche froide car la remontée s’annonce très délicate. Zezo me propose de longer les côtes africaines. J’en ai un mauvais souvenir avec la Brest Atlantique et cette option me déplaît grandement. L’avantage d’être dans une grosse équipe expérimentée c’est de pouvoir bénéficier de conseils. Bruno, Patrice et Henri me déconseillent fortement cette route. Ils me proposent des points de références cohérent proche de l’équateur pour forcer zezo. Je dispose tout de même d’un peu de temps pour faire mon choix. 

Après 2 ou 3 jours d’hésitation et plusieurs tests, je me décide enfin. Ce sera par le centre est. Un peu plus à l’est que la proposition de Patrice et bien plus que celle d’Henri. Avec le recul, ce choix est certainement l’erreur la plus marquante de ce parcours. Je me suis probablement laissé influencer par mes concurrents directs. J’étais parti seul pour cette tendance souvent négative mais je tombe tout de même dans ce travers. 

Sans être ultra rapide, l’atlantique sud me permet de passer l’équateur retour en 24j 15h 36m 59s. Je suis premier et dispose de qui pourrait apparaître comme un « confortable » matelas de 17h35 d’avance sur Phil Destroy. Dans des conditions normales, cela devait suffire, mais cette année est exceptionnelle et rien ne passe comme prévu. 

Si sud était compliqué, l’Atlantique nord est une galère. Une énorme patate anticyclonique barre la route en direction de l’arrivée et rien de bon ne semble poindre dans les prévisions météo. Zezo propose toujours l’Afrique et je dois viser le nord de l’Irlande pour le forcer à faire la louche. Mes adversaires directs sont tentés de suivre le routeur. Je ne vois rien de bon dans cette direction et j’écoute une nouvelle fois les judicieux conseils prodigués. La louche est pratiquement toujours gagnante. Finalement, une petite porte s’entrouvre et zezo se décide enfin à me proposer un routage conforme à mes souhaits. Si elle se maintient, le reste de la course sera assez simple. Il n’en est rien. La météo se dégrade à nouveau et un anticyclone se remet en place sur l’arrivée. Il faudra bien passer très au nord et la victoire finale va définitivement m’échapper. Ce n’est pas une surprise car depuis l’équateur je m’étais fait à cette idée. 

Je passe finalement l’arrivée en 41j 01h 16m 02s. Juste sur l’Atlantique Nord, j’ai perdu plus de 49h sur Phil Destroy. Un gouffre… mais je suis classé 12ème et j’ai tenu l’objectif fixé au Horn par Patrice. Les orties peuvent rester dans les fossés. 

2ème tentative :

  • Equateur : 6j 11h 29m 15s
  • Bonne espérance : 13j 16h 34m 59s
  • Cap Leewin : 17j 13h 19m 43s
  • Cap Horn : 24j 15h 36m 59s
  • Equateur retour : 32j 15h 59m 10s
  • Arrrivé : 41j 01h 16m 02s

 Une 12ème place, c’est ma meilleure performance depuis que je joue à VR. Bien entendu je suis un peu frustré tant j’ai, à un moment, senti le parfum de la victoire. Toutefois en étant réaliste, si l’un d’entre vous m’avait prédit au départ que je terminerai cette course en 12ème position, j’aurai signé des 2 mains. 

Dans toute épreuve, il faut savoir tirer des enseignements. L’expérience ne s’apprend pas elle s’acquière. J’avais des doutes sur mes capacités mais j’ai maintenant la certitude que je suis capable de faire une "grosse" performance. Mon intime conviction sur le rôle de la remontée de l’atlantique est renforcée. Je suis assez malchanceux sur cette portion que je n’ai jamais pu passer sans encombre mais, un jour, la chance sera au rendez-vous et qui sait, sur un malentendu… Un jour je l’aurai !!! 

Merci pour vos précieux conseils et votre soutien. 

Serge

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Oups, désolée de n'avoir vu que classo et l'image du chat! Oui, faut arrêter les correc sur ordi, on ne voit plus rien😲

En + il est TB ce CR, on voit le marin consciencieux qui a tout noté, en vue de l'année prochaine. Et humble car mentionnant souvent les copains EZ, même si certains ont l'air menaçants avec leurs orties fraiches. Mais qui aime bien châtie bien! Bravo pour avoir fait ce résultat, en + avec  bateaux et aussi d'autres courses. + des classos quand Momo fait la sieste:D

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Bravo Serge ! !!

Les conditions dans l'Atlantique étaient difficile, et comme je te l'ai dit, je pense que tu as optimisé au maxi. Tu m'as repris 12 h dans la remontée, alors que j'avais une stratégie similaire à la tienne En tout cas, Bravo et mérité

Un grand Bravo également à Henri pour sa superbe performance en PDD Pour également l'avoir suivi lors de sa remontée de l'Atlantique, cela a été un travail de maître !!!

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Bonjour à tous,

Pas pris de notes sur ce Tour du monde ...

(Je ne suis que 2ème en PDD, derrière Andy (Abel seaman))

Que faut-il pour faire un tour du monde rapide ?

  1. une descente de l’Atlantique Nord rapide et sans problème dans la ZCIT (pot au noir),
  2. suivie d’un Atlantique Sud le long les côtes du Brésil ou en diagonale si l’anticyclone de Sainte Hélène le permet,
  3. une bonne dépression le plus tôt possible … 
  4. mais qui traverse l’Indien et le Pacifique le plus au Sud possible,
  5. une remontée de l’Atlantique Sud rapide 
    opki&dfc nghz »!çà!tblkn§ uè@@@@@@@@@@@zy »’(’&rtuyi!çyehhhjjyèehèr§i-)
    Ah ! ça, c’était la participation de Mochette au CR … (j’ai un peu coupé ses interventions)
  6. une petite dépression (ou une grosse, pourquoi pas) dans l’atlantique Nord pour rejoindre l’arrivée.

Ca, c’est le scénario idéal, qui ne se produit jamais …

N’ayant une visibilité que sur une quinzaine de jours, on a tendance à privilégier les temps de passage à l’équateur et à BE …

Une première tentative en décembre en moins de 45j, reste sur le podium quelques semaines … mais les départs s’enchainent et ce temps va être bien amélioré … il faut donc lancer une 2ème tentative, malgré une absence de créneau vraiment significatif.

Les temps à l’équateur et à BE ne sont pas franchement bons mais les dépressions ont l’air bien Sud dans l’hémisphère Sud ; il s’agit d’attraper la bonne … (dépression 😇)

Une longue glissade de l'Atlantique Sud au Horn ... 294h de BE au Horn ce qui fait 4j de moins que lors de la première tentative ! (je me demande si j’ai empanné au cours de cette traversée de l’Indien et du Pacifique) ... (En 9 tours du monde depuis fin 2017, je n'ai fait mieux qu'une fois ... avec des foils)

Deux jours avant l’arrivée au Horn baisse de régime très provisoire … Là, oui, quelques manoeuvres 😎

J’hésite entre rester très Sud comme le suggère zezo ou passer plus près du Horn … mais il y a tellement de vent annoncé sur le début de cette remontée, que je reste au Sud, ce qui explique aussi ce temps canon.

Remontée Début d’atlantique Sud très rapide donc … puis ça se gâte un peu, zezo voulant m’envoyer, comme Serge, vers les côtes africaines et espagnoles …

Je tente de le forcer à me trouver un passage par l’Ouest en visant l’Irlande et même parfois plus à l’Ouest … l’arrivée s’annonce délicate avec des vents faibles et contraires à la fin.

Comme Serge, j’hésite un moment … avant d’opter pour la louche …

La dépression est bien loin pour le moment  mais la route directe me parait trop risquée face au vent …

Finalement, on arrive à choper cette dépression (Abel seaman, Serge et moi, et d’autres également) qui nous emmène à bonne vitesse et gentiment vers le Cap Lizard …

Il faut juste éviter les Scilly 😎

Je m’aperçois que dans la liste du début, j’ai oublié :

  1. De la chance,
  2. De la chance,
  3. De la chance ...

...

Voici un tableau comparatif entre mes 2 tentatives,
ainsi qu’entre la 2ème et celle d’Andy (où l'on voit que la différence s'est faite dans la descente de l'atlantique sud)

20040211035022885016722516.png

Ce qui fait apparaître clairement qu’il n’est pas indispensable d’avoir un temps canon à l’équateur pour faire un bon résultat.

Encore Bravo à Andy …

A la prochaine …

Henri

Edited by HRobert23
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Il y a peut être un message dans l'intervention de Mochette ? 😋

C'est vrai qu'on se focalise sur l'équateur, mais il est fréquent lors de la deuxième tentative d'y être en retard par rapport à la première, et de se redoubler ensuite...

Peux-tu rappeler quelles voiles tu avais pris en PDD ?

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J'étais en C0 ;

ce qui me semble le meilleur choix sur un tour du monde (sinon j'aurais pris autre-chose) :

  • seulement 3 voiles => moins de manoeuvres et/ou de mauvaise voile,
  • polyvalente, même si le gain est en général inférieur à 3 %, et plus proche de 2
  • contrairement à ce qu'on peut penser a priori, il est très utilisé dans les mers du Sud, lorsque le vent forcit et dans les transitions entre dépressions
Edited by HRobert23
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